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ÉLISABETH SETON

soupire et languis du désir d’adorer notre Dieu dans la vérité ; et que si je ne vous avais jamais rencontrés, vous autres catholiques, et que cependant j’eusse lu les livres que M. Hobart m’a apportés, ils m’auraient à eux seuls jetée dans un abîme de doutes et d’incertitude. Oh ! mes doutes pourtant, ils me servent tant à calmer mon esprit devant Dieu, par la certitude qu’ils me donnent de la pitié qu’il doit avoir pour moi ; lui qui sait que l’unique objet de mon cœur est de lui plaire ; de lui plaire à lui seul, étroitement unie à lui dans cette vie et dans l’éternité ; lui qui sait qu’aux heures de la nuit la plus profonde — c’est bien vrai, Amabilia, ce que je vous dis là — je suis souvent demeurée dans ma détresse, les yeux attachés sur la muraille, regardant à travers mes larmes ; et plutôt que de croire que Dieu voulût délaisser ou abandonner une créature si malheureuse, m’attendant à voir son doigt écrire sur ce mur pour me consoler. »


Mais la lumière ne venait pas. Mme  Seton écrivait à Antonio Filicchi :


« Ma pauvre âme est de plus en plus incertaine et troublée. Ce n’est pas qu’elle manque de prier et de s’entretenir avec son Dieu ; — mes prières sont, au contraire, plutôt multipliées que négligées ; — mais, comme un oiseau qui se débat dans un filet, elle est là tremblante et qui ne peut se dégager de toutes ses craintes.

« Cette après-midi, après que j’eus envoyé mes petits enfants à leurs jeux, je me suis jetée à genoux dans ma petite chambre. Et là, seule en présence de Dieu, j’ai considéré ce que je devais faire, ce que m’indiquait mon devoir le plus sacré. Devais-je encore relire les premiers livres que m’avait remis M. Hobart ? Mais mon cœur s’est révolté à cette pensée, car c’est là que se trouvent toutes les noires accusations ; et les trouver ainsi reproduites toutes à la fois