Page:Conan - Elisabeth Seton, 1903.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
94
ÉLISABETH SETON

elle n’eut qu’à exprimer son désir de se réunir à Élisabeth, pour qu’on s’empressât de la conduire à Emmettsburg.

La joie sembla lui rendre des forces ; on se reprit à espérer. Harriet l’avait accompagnée à Emmettsburg : et pour les trois sœurs, cette réunion était une jouissance aussi vive qu’inespérée. Cécilia pressait souvent la mère Seton de la recevoir au noviciat : « Je ne suis point venue chercher une vie d’aise et de plaisir, disait-elle, mais une vie de pénitence et d’humiliation. »

Pour Harriet, le monde avait bien des attraits et des promesses. Sa merveilleuse beauté était l’une des gloires de New-York ; elle y tenait le sceptre de l’élégance, et son fiancé, charmant, ardemment aimé, ne cessait de l’y rappeler.

Cependant elle prolongeait son séjour à Emmettsburg, et dans son cœur un grand combat se livrait. Sans examen, sans recherche, cette jeune fille était arrivée à la vérité : la foi lui avait été donnée. Mais l’amour extrême qu’elle portait à son fiancé la retenait dans le protestantisme. Elle ne pouvait se résoudre à sacrifier cet amour qui lui était plus que la vie.

Quelques semaines se passèrent dans ces luttes. Enfin, un jour que le saint sacrifice avait été offert pour elle, s’en revenant de l’église avec la mère Seton, elle lui dit tout à coup :

« C’en est fait, ma sœur, je suis catholique. »

Elle savait que ce mot allait la déconsidérer, l’isoler : « Ah ! j’ai bien réfléchi, dit-elle à Élisabeth. » Et lui montrant une miniature de son fiancé qu’elle portait toujours à son cou :

« Je serai peut-être repoussée même de lui qui m’est si cher ; mais je n’hésite plus, j’ai une âme à sauver. »

Tout fut mis en œuvre pour l’ébranler, mais tout fut inutile. « Il me semble, disait-elle, que j’éprouve pendant la sainte messe, au moment de l’élévation de la divine hostie,