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L'OBSCURE SOUFFRANCE


21 octobre.



Une hirondelle s’est posée tantôt sur le bord de ma fenêtre. Elle s’est vite envolée bien haut, et pendant que je la regardais, une pensée de saint Augustin m’est revenue. C’est que nos peines, qui semblent nous appesantir, nous sont en réalité comme les ailes aux oiseaux. Ces ailes leur sont un poids, mais sans ce poids ils ne pourraient jamais s’élever. « Regardez les oiseaux du ciel, » a dit le divin Sauveur.

Nous devons bénir toutes nos souffrances puisqu’elles viennent de lui. Parfois, il me paraît qu’il y a dans les miennes de cruelles inutilités. Mais n’est-ce pas pour que je lui ressemble un peu que Notre Seigneur permet que je sois traitée ainsi ?

Quels étranges chrétiens nous sommes ! La plupart du temps est-ce que nos prières les plus ferventes ne pourraient pas se résumer comme suit : « Seigneur, délivrez-nous de la souffrance, délivrez-nous de la croix. Seigneur, éloignez la mort, accordez-nous une vie facile et douce. »