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L'OBSCURE SOUFFRANCE


24 octobre.



La nuit dernière, j’ai rêvé que je voyais mon cercueil. Cela m’a laissée fort calme dans mon rêve ; mais à mon réveil j’en ai frémi toute. Et j’ai toujours devant les yeux ce cercueil – le mien ! – J’en ai froid jusque dans les moëlles. C’est comme si je n’avais jamais su qu’il faudra mourir.

Que les autres meurent, on y est fait. Mais soi-même ? D’ordinaire n’est-ce pas un peu comme si on ne le croyait point ?


25 octobre.



Ce jour qui sera le dernier pour moi sur la terre, quand viendra-t-il ? Je l’ignore profondément. Mais si éloigné qu’il puisse être, je sais qu’infailliblement ce jour viendra.

Oui, un jour, je regarderai la terre pour la dernière fois. Sera-t-elle couverte de neige, parée de verdure et de fleurs ? Aura-t-elle comme aujourd’hui la beauté finissante de l’automne ?