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L'OBSCURE SOUFFRANCE

La voix des vagues, pour moi c’est le chant des sirènes. Si de la maison je pouvais l’entendre, cela m’enlèverait à bien des misérables ennuis.


22 novembre.



Quand j’ai un peu de loisir, je lis avec un vif intérêt : De l’avenir du peuple canadien-français, d’Edmond de Nevers.

Cet avenir est encore un grand problème. Je n’ose m’y plonger. Mais songer au passé m’est une douceur, me donne espoir.

Sur les premiers temps de la colonie, j’ai lu tout ce qui m’est tombé sous la main, et j’ai pensé souvent à la rude vie de nos ancêtres.

Les jeunes filles envoyées de France pour fonder un foyer — les filles du roi, comme on disait — avaient grand besoin d’être raisonnables.

L’adieu au pays devait leur coûter bien des larmes, et après les fatigues de la traversée — alors si longue — la vue des petits postes français perdus dans la forêt sans fin ne devait pas leur être un grand réconfort. Puis le mariage qui les attendait n’avait rien d’at-