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L’OBSCURE SOUFFRANCE

ger de moi l’héroïsme ? N’ai-je pas été bien téméraire en m’y engageant ? Suis-je pour jamais enchaînée, vraiment prisonnière dans ma promesse de ne jamais le quitter ?

Je ne le crois pas. Je voudrais m’en aller bien loin d’ici, et je n’ose partir. Une imploration silencieuse me poursuit partout.

Imagination ? Obsession morbide ? C’est probable. Ou plutôt, voix des vagues remords, de la conscience troublée.


27 décembre.



« Ne l’abandonne jamais, fais tout ton devoir, » disait ma pauvre maman. J’y ai tâché depuis dix ans, j’y tâche encore. Mais suis-je tenue de me sacrifier pour n’arriver à rien, qu’à la ruine de tout ce qu’il peut y avoir de bon en moi ?

Le but que je n’ai pas atteint, je sais que je ne l’atteindrai jamais. Mieux vaut donc en finir avec cette vie insupportable.

C’est une présomption de professer les grandes vertus. Ma mère qui le connaissait aurait bien dû ne pas tant me presser. Je suis lasse