Page:Conan - L'obscure souffrance (suivi de Aux Canadiennes), 1919.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
63
L'OBSCURE SOUFFRANCE

à en mourir des éloges qui me valent ce qu’on appelle mon dévouement, ma belle conduite. Je voudrais montrer la noirceur de mon âme. Me confesser me serait un immense soulagement. J’en ai grand besoin, mais il me faudrait un prêtre à qui je fusse parfaitement inconnue.


28 janvier.



C’est fait. Je me suis confessée comme je l’entendais. Le prêtre qui a reçu mes aveux ne me connaît pas, il ne me connaîtra jamais. J’ignore même son nom et je ne désire pas le savoir. Je veux qu’il reste pour moi un être surnaturel. Mais de ce qui m’a été dit de la part de Dieu, je voudrais bien ne rien oublier.

Il me semble que la douce Providence a tout conduit. Ma tante Henriette, sérieusement malade, voulait à tout prix m’avoir. On n’a pas osé la désobliger, et je suis venue à Montréal.

Hier, ma tante était beaucoup mieux, elle insistait pour que je sortisse, et, plus troublée que je ne saurais dire, le cœur malade, je me rendis à l’église des Franciscains.