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Page:Conan - L'obscure souffrance (suivi de Aux Canadiennes), 1919.djvu/66

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L'OBSCURE SOUFFRANCE

vous trompez. Je vous affirme que la souffrance a été pour votre âme une immense bénédiction. Si vous pouviez le voir comme je le vois, vous n’auriez pas de paroles assez ardentes pour dire votre reconnaissance. Jésus-Christ n’exige rien que pour notre avantage. S’il nous impose la souffrance, c’est qu’elle est la source des biens infinis, c’est qu’elle fait notre ressemblance avec Lui. Et, ne l’oubliez point, plus nos croix nous humilient, plus elles sont d’un bois vil, abject, plus elles nous unissent étroitement à Lui, notre chef. Un père alcoolique, une fâcheuse belle-mère, une vie troublée, rapetissée, asservie, c’est dur à supporter. Et, quand il ne tient qu’à vous d’avoir ailleurs une vie très facile, très agréable, vous demander de ne pas déserter la maison paternelle, c’est bien vous demander l’héroïsme. Vous pouvez vous y dérober, mais je crois que Notre Seigneur l’attend de vous. »

—  « C’est au-dessus de mes forces », m’écriai-je, et je fondis en larmes.

Il me laissa pleurer, calma mon agitation par de douces paroles. Quand je parvins à me maîtriser, il reprit :