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Page:Conan - L'obscure souffrance (suivi de Aux Canadiennes), 1919.djvu/68

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L'OBSCURE SOUFFRANCE

pable qu’il soit, ne voyez en lui que le plus à plaindre des malheureux. Je vous en conjure, ne quittez pas la voie droite et royale de la croix. Qui sait où vous aboutiriez ? Qui peut dire ce que le bonheur humain ferait de vous ? Nul ne sait ce qui nous convient comme Celui qui nous a faits. La seule chose importante ici-bas, c’est d’accomplir sa tâche. Oui, votre mère mourante avait raison. Il n’y a rien de terrible en ce monde. Tout passe si vite. Qu’est-ce que le rêve de cette misérable vie ? À quoi sert de vouloir s’établir sur la terre comme si on n’en devait jamais sortir ? »

Il me demanda ce que j’allais faire.

Je n’avais pas la force d’une parole. L’angoisse me serrait la gorge. Tous mes dégoûts, toutes mes répulsions me remontaient au cœur. Mais soudain un apaisement se fit en moi. La douce impression ressentie en entrant dans l’église me revint et je répondis sans trop d’efforts :

—  « Avant de me confesser, mon Père, j’ai promis à Notre Seigneur de prendre ce que vous me diriez comme l’expression de sa volonté. »