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L’OUBLIÉ

« Voilà que je vais m’endormir dans la poussière du tombeau. »

Son regard resta fixé sur la ligne funèbre et une crainte étrange l’envahit tout entier. Lui, qui depuis tant d’années avait tant bravé la mort, sentait dans ses veines un frisson d’horreur à la pensée de l’adieu à la vie… du long sommeil sous la terre dévorante.

Sans rien dire, il mit le livre sur la table et s’approcha d’une fenêtre. Le givre s’était fondu sur les vitres : il aperçut le ciel profond, plein d’étoiles, et voulut élever ses pensées. Mais jamais la flamme de son foyer ne lui avait semblé si belle, si pure, si douce.

— À quoi pensez-vous ? lui demanda Élisabeth le rejoignant.

Elle avait jeté un léger bonnet sur sa tête blonde, et le regardait de ses yeux tendres et profonds, les mains appuyées sur son épaule.

Il sentit son cœur se serrer affreusement. Elle était si jeune, si frêle, si