Page:Conan - La Vaine Foi, 1921.djvu/18

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Cet étalage de larmes, ces phrases théâtrales m’ont refroidie. Son chagrin dans son humble vérité m’aurait bien plus touchée.


* * *


26 juin.

Pour ce pauvre garçon, emporté d’une façon si terrible, ma pitié reste intense, mais c’est moins à lui que je pense qu’à l’au delà.

Ce monde invisible où, d’un moment à l’autre, nous pouvons être jetés, qu’en savons-nous ?… De l’univers, où notre terre n’est qu’un atome, qu’est-ce que les plus grands savants connaissent ?

Là-dessus je viens de lire des paroles de Pasteur que je veux garder. À une séance de l’Académie, parlant de l’accord du principe fondamental de la foi et des conceptions scientifiques les plus hautes, Pasteur disait :

« Au delà de cette voûte étoilée, qu’y a-t-il ? De nouveaux cieux étoilés. Soit. Et au delà ?… Il ne sert de rien de répondre : Au delà sont des espaces, des temps et des grandeurs sans limites… Nul ne comprend ces paroles. Celui qui proclame l’existence de l’Infini, et nul ne peut y échapper, accumule dans cette affirmation plus de surnaturel qu’il n’y en a dans tous les miracles de toutes les religions, car la notion de l’Infini a le double caractère de s’imposer et d’être incompréhensible. »