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Page:Conan - Larmes d'amour, 1897.djvu/11

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LARMES D’AMOUR

grand dommage que ce noble jeune homme ne soit pas très-laid, ou un peu difforme. Avec votre permission, madame, c’est justement cela qui serait dommage. Chère mère, c’est prudent peut-être, ce que vous dites, mais à coup sûr, ce n’est pas féminin. D’ailleurs, si M. Douglas est de la famille des braves, il n’est pas de celle des galants, et n’accorde d’attention que juste ce qu’il faut pour n’être pas impoli. Il décline toutes les invitations et a l’air de s’être dit comme un poète :

À moi la grève solitaire,
La chasse au beau soleil levant,
À moi les bois pleins de mystères,
La pêche au bord du lac dormant.

Mme H… a déclaré que nous devrions toutes conclure contre lui un traité d’alliance offensive.

Le Dr G… est à la Malbaie et se livre à l’observation. Il trouve que les rubans écossais sont bien en faveur depuis l’arrivée de M. Douglas, et se plaint amèrement d’être condamné à entendre tant d’airs écossais, depuis la même date. Ce que c’est, dit-il, d’avoir la tournure chevaleresque ! Moi, j’ai passé plusieurs années en Écosse, et personne n’a songé à apprendre Vive la Canadienne, ou À la claire fontaine. M. Douglas est riche, et le docteur se plaît à en informer les dames qui ont des filles à marier. Ça les rend pensives, dit-il.

Ce soir, le docteur, Elmire et moi, nous sommes allés visiter les sauvages. C’est curieux