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LARMES D’AMOUR

à voir. La soirée était fraîche. Un beau feu de branches sèches flambait devant les cabanes. J’aperçus M. Douglas qui se chauffait et causait avec les sauvages. En le voyant dans cette clarté rougeâtre, je me rappelai l’incendie, et pour dire vrai, le cœur me battit un peu fort : puissance du souvenir, involontaire hommage au courage et à la générosité !

Comme nous allions partir, le docteur fut appelé en toute hâte pour un malade et nous revenions seules, quand M. Douglas nous joignit et réclama l’honneur de nous reconduire, ce que nous daignâmes accorder. Je fus un peu surprise, je l’avoue, car il ajouta, avec une naïveté bien singulière chez un homme du monde : J’ai cru que j’avais eu tort de vous laisser partir seules, et réflexion faite, je me suis hâté de vous rejoindre. — Nous comprenons, monsieur, dit Elmire piquée : vous avez cru que c’était un devoir. — Non, mademoiselle, j’ai seulement pensé que c’était une attention à laquelle vous aviez droit, et il continua un peu fièrement : Vous défendre, si vous couriez quelque danger, ce serait un devoir.

J’incline à croire que ce devoir serait bien rempli, et si jamais je vais me promener chez les cannibales, je prierai M. Francis Douglas de me donner le bras. Il a veillé au salon, contre son habitude. Il n’est certainement, pas aussi beau qu’on le dit, mais il a une distinction rare et une grâce incomparable.

La grâce plus belle que la beauté.