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LARMES D’AMOUR

Comme vous voyez, c’est bien suffisant. Il est plutôt grave qu’enjoué, mais on cause bien avec lui. Vous aimerez sa simplicité charmante. Nous avons conversé en français, et là-dessus on nous a gracieusement fait entendre — à Elmire et à moi — qu’il faut que notre prononciation anglaise le fatigue beaucoup, puisqu’il nous parle français. N’est-ce pas beau de songer si vite aux ennuis de son prochain ?

Quoi qu’il en soit des susceptibilités de M. Douglas, une chose sûre, c’est qu’il parle le français parfaitement, et une autre chose joliment certaine aussi, c’est que j’aimerais mieux ne le fatiguer en rien. Je lui ai demandé comment il trouvait nos sauvages. Bien déchus, mademoiselle. Ils ne sont pas tatoués et la mauvaise civilisation les gagne. Quand je me suis assis à leur feu, ils ne m’ont pas présenté le calumet de paix. Quel surnom les sauvages d’autrefois lui auraient-ils donné ? Songez-y, s’il vous plaît.

Chère mère, descendez vite et apportez-moi un gros bouquet de roses. Je m’ennuie et je vous aime.




EXTRAITS DU JOURNAL DE THÉRÈSE
24 juin.

Ce matin, de très-bonne heure, Elmire et moi, nous sommes allées à la chapelle Harvieux. Le trajet est rude sur la grève de l’extrême Pointe-aux-Pics : pas de sable d’or, mais quand on a le