Aller au contenu

Page:Conan - Louis Hébert, premier colon du Canada, 1912.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 12 —

rien reconstruire. Et, peu après le désastre, la plupart des colons repassèrent en France.

L’âme en deuil de tous ses beaux espoirs, Louis Hébert parcourut une dernière fois ses champs défrichés avec tant de fatigues. Un lien mystérieux attache le cultivateur au sol. La rupture lui en était cruelle. Cette fois, il n’espérait plus revenir. Il abandonnait pour toujours ce qu’un travail acharné avait conquis de la forêt. Les fils de la Vierge argentaient ses labours d’automne ; les grillons chantaient dans le chaume flétri. Mais jamais plus il ne verrait le blé vert pousser le long des sillons. Le fruit de ses labeurs lui échappait. Il fallait dire adieu à la terre acadienne qu’il aimait, où il avait cru s’établir pour jamais.

Oh ! l’amertume de ses pensées, la tristesse de son âme devant les ruines. Avec quelle joie, il avait vu s’élever la vaste habitation maintenant en cendres. Sur cette plage lointaine, dans ce décor de sauvage solitude, cette maison fruste s’illuminait à ses yeux des splendeurs d’une grande pensée. Avec quel bonheur, il revenait à ce foyer national où le repos était si bon, après les rudes journées… où la voix de l’océan couvrait les causeries et berçait le rêve… Rêves de l’agriculteur, rêves du père, rêves du Français, tout était anéanti.

Le drapeau blanc ne claquait plus au vent