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de mer, sous le vaste ciel pur… Un berceau peut être une tombe, et Louis Hébert croyait l’Acadie à jamais perdue pour la France. S’il avait pu lire dans l’avenir, de quelles larmes n’aurait-il pas baigné la terre qu’il lui fallait abandonner !


II


Bien avant la catastrophe, Champlain avait quitté l’Acadie. Il ne croyait pas au succès de l’entreprise, il pensait qu’on n’avait pas regardé au fond de l’affaire. La péninsule, si facilement colonisable, lui paraissait impossible à défendre, sans de grandes forces, à cause du nombre infini de ses ports. Il la trouvait à la merci d’un coup de main, trop isolée de l’intérieur du continent ; et l’avenir devait lui donner raison. Malgré la rigueur du climat, la lointaine vallée du Saint-Laurent lui semblait offrir à une colonie plus de ressources, plus de chances de durée.

À son retour de Port-Royal, Champlain avait rencontré Pierre de Monts à Paris. L’ex-lieutenant-général de l’Acadie, presque ruiné par son insuccès, s’était décidé à tenter fortune sur les bords du Saint-Laurent. Avec son aide, Champlain en 1608, avait fondé Québec.

Depuis l’exploration de 1603, au fond de son âme l’immortel marin avait nourri le rêve d’un établissement à cet endroit, et le rêve s’était réa-