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SAINT FRANÇOIS SOLANO

Mais le séraphique François avait pleinement agréé l’offrande de la pieuse mère. De l’enfant commis à sa garde, il allait faire l’un des chevaliers de sa Table Ronde.

J’ai dit que la noble famille fondait sur François les plus hautes espérances. Cependant, quand il annonça qu’il voulait être Franciscain, il n’eut pas de résistance à vaincre, pas de reproches à essuyer.

Profondément croyants, ses parents l’approuvèrent de prendre la voie la plus courte pour aller au ciel. Ils s’oublièrent avec une générosité parfaite. L’excès de son sacrifice ne les alarma point. Ils comprenaient que s’il est dur de tout quitter, il est doux de suivre Notre-Seigneur.

En coûta-t-il beaucoup à François pour se rendre à l’appel divin ? On l’ignore. Il n’en a rien dit, mais le foyer paternel lui avait été délicieux. Il avait la naissance, la richesse, les dons qui font l’artiste et le héros. De l’avenir, il pouvait tout attendre, même la gloire.

C’est dans la splendeur de ses vingt ans que François Solano entra au noviciat des Mineurs. Dans l’hymne qui lui est consacré, on chante :

D’idéale beauté, mais plus beau dans son âme,
Il méprise les joies du monde,
Pour s’unir tout à Dieu

Mais à cette bienheureuse, à cette glorieuse union un mortel n’arrive pas sans un immense labeur. Pour s’envoler et ne vivre, ne respirer plus qu’en Dieu seul, il ne suffit pas d’avoir quitté le monde, d’avoir rompu les liens de famille les plus doux, les plus chers.

Avec la verdeur de son printemps, François Solano emportait au cloître toutes les fiertés, toutes les violences de son sang espagnol. Mais là, dans l’ombre et le silence, il allait prouver ce que peut une grande âme qui veut déployer et employer toute sa foi et toute sa force.

« Ce n’est pas sans effort, disait Turenne, que la