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PHYSIONOMIES DE SAINTS

avec qui il se réconcilia de la manière la plus touchante et la plus sincère.

Quand le bienheureux entendait médire du prochain, il détournait adroitement le discours. Afin d’inspirer de l’horreur pour un vice si opposé là l’esprit chrétien, il refusait l’entrée de sa maison aux médisants. Il punissait les délateurs et donnait souvent à son peuple des instructions sur les jugements téméraires :

« Comment, disait-il, osons-nous juger les autres ! Les circonstances sont si variées qu’il est presqu’impossible que nous ne tombions point dans l’erreur. C’est le devoir des magistrats de punir les coupables ; notre devoir, à nous particuliers, c’est de prendre leur défense ».

Mieux qu’aucune parole, le trait suivant prouvera qu’il ne condamnait jamais personne.

Un homme avait enlevé une religieuse et l’avait emmenée à Constantinople. La nouvelle de ce scandale affligea tellement le patriarche qu’il en fut réduit à l’extrémité. Après son rétablissement, comme il assistait à une conférence ecclésiastique, on vint à parler de cette triste affaire, et plusieurs prêtres chargèrent d’anathèmes le séducteur qui avait, disaient-ils, perdu deux âmes. Mais Jean leur ferma la bouche :

« Mes enfants, dit-il, ne parlez pas ainsi, puisqu’on cela vous commettez un double péché, l’un en ce que vous transgressez le commandement du Seigneur qui a dit : Ne jugez pas l’autre en ce que vous ne savez pas certainement si ces personnes continuent dans le péché et n’ont point fait pénitence ».

Ce saint, en qui la charité semblait être personnifiée défendait pourtant aux catholiques toute communication avec les hérétiques dans les choses divines :

« Mes enfants, disait-il aux fidèles, n’entrez jamais dans le lieu où les hérétiques font leurs prières ».

Jamais il ne disait rien d’inutile, mais il trouvait un plaisir infini à s’entretenir des actions des saints. Les actes héroïques de charité lui arrachaient souvent des larmes d’admiration. Un jour qu’il lisait la vie de