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Page:Conan - Physionomies de saints, 1913.djvu/72

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PHYSIONOMIES DE SAINTS

Ses refus de se marier valurent à Rose bien des avanies de la part de ses parents et même une volée de coups de bâton. Elle n’en resta pas moins la plus respectueuse, la plus tendre des filles. Ses parents étant tombés de l’aisance dans la pauvreté, elle les soutint de son travail. Personne ne maniait comme elle l’aiguille et la navette et ses ouvrages quand elle les terminait étaient aussi nets que si les anges seuls y avaient touché.

Rose cultivait aussi des fleurs qu’elle vendait. Un jour qu’elle en cueillait avec son frère, ils s’amusèrent à lancer des roses en l’air, mais au lieu de tomber, les roses que la sainte lançait, s’élevèrent bien haut et formèrent une merveilleuse croix.

Comme Catherine de Sienne, Rose entra dans le tiers-ordre de saint Dominique, elle obtint d’en porter l’habit, elle obtint même de son père qu’il lui bâtit une petite cellule dans son jardin.

Elle aspirait à la solitude pour se livrer tout entière à la prière ; elle voulait croître sans cesse dans la science de Jésus crucifié. Le nom du Sauveur quand elle le rencontrait en lisant provoquait souvent l’extase et avec un héroïsme qui n’a jamais été surpassé, la jeune fille s’efforçait de partager toutes ses souffrances.

Son lit se composait de bâtons noueux entremêlés de tessons de pots cassés et avant de s’y étendre elle remplissait sa bouche de fiel.

Je n’ose entrer dans le détail de ses horribles macérations. Comme dit le P. Chocarne dans la vie de Lacordaire : « Les chrétiens d’aujourd’hui ne sont plus de force à comprendre ce que l’amour de la pénitence inspire aux saints ».

Une soupe faite avec du pain, de l’eau sans sel et des herbes nauséabondes composait toute la nourriture de Rose. Encore y mêlait-elle du fiel et de la cendre. Cependant suivant le désir qu’elle en avait exprimé à Dieu, rien dans son extérieur ne trahissait son épouvantable pénitence.

Jamais elle n’était triste, ni sombre. Tous les jours elle consacrait trois heures à l’action de grâces. Sa