Les funérailles furent les plus belles, les plus imposantes que le Nouveau-Monde ait jamais vues. Ce ne fut pas un convoi funèbre, mais une marche triomphale, la canonisation de Rose par la voix populaire. Et comme si le ciel eût voulu ajouter aux transports de la multitude, à l’entrée du corps dans l’église des Dominicains, l’image de Marie devant laquelle Rose avait tant prié sembla s’animer ; des flots de lumière l’environnèrent et avec une ineffable expression de tendresse, la Vierge fixa les yeux sur les restes de sa fidèle servante.
Pour éviter une émeute parmi le peuple, il fallut deux fois remettre la sépulture.
Vêtue de blanc et visage découvert, la sainte était couchée sur des fleurs. Le corps resta jusqu’à la fin dans toute sa fraîcheur, dans toute sa beauté, et auprès de cette dépouille sacrée, on vit accourir la foule des malades, des infirmes, des estropiés.
Il y eut de nombreuses guérisons radicales, instantanées et bien des esclaves du péché furent pris du désir de rompre leurs chaînes et trouvèrent la force en regardant ce corps déjà glorifié. Les plus endurcis, ceux même chez qui la passion de l’or semblait avoir dévoré tout sentiment, sentirent rouvrir en leurs cœurs la source des saintes larmes.
Malgré les flots de poussière soulevés par les innombrables allants et venants, le visage et les mains de la morte conservèrent une pureté parfaite.
Le dernier jour, tous les efforts de la garde pour contenir la foule, qui voulait des reliques, furent impuissants. On dut vêtir six fois la sainte pendant le service. Les prières, les sanglots, les exclamations de joie, les cris : que la sainte nous protège ! finirent par couvrir entièrement les chants sacrés et l’office s’acheva à voix basse.
Mais ce qu’il y eut de plus extraordinaire, ce fut l’admirable réveil religieux qui suivit la mort de Rose.
Peu après, on sollicita fortement sa canonisation, « jamais la lumière allumée en elle par le baptême n’a été obscurcie, disait l’une des requêtes. Rose ne s’est