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jeanne leber

d’un mois, ils mirent sur pied deux armées parfaitement équipées et approvisionnées, et Nicholson se trouva avoir 15,000 hommes sous ses ordres. C’était presque le chiffre de la population du Canada — femmes et enfants compris.

Le gouverneur, M. de Vaudreuil, était au courant de ces formidables préparatifs et connaissait le plan de l’ennemi.

La flotte, composée de quatre-vingt-huit vaisseaux, devait attaquer Québec pendant qu’une partie de l’armée de Nicholson, investirait Montréal. La ville, entourée d’une simple palissade, ne pouvait résister à l’artillerie. Québec, menacé de famine, manquait de munitions.


La situation était absolument désespérée. Nos vaillants ancêtres se préparèrent pourtant à se défendre ; et de tous côtés on implora ardemment le secours de la Vierge Marie. Il y eut des jeûnes au pain et à l’eau, de solennelles processions de pénitence, des prières publiques extraordinaires admirablement suivies.

Les dames de Montréal s’obligèrent à bâtir une chapelle en l’honneur de Notre-Dame de la Victoire, et firent aussi vœu de ne porter ni rubans, ni dentelles pendant un an.


Cependant la flotte anglaise était entrée dans le golfe et on savait qu’à travers les bois, l’armée de Nicholson s’avançait vers Montréal.

L’angoisse y était à son comble, mais une parole de l’angélique recluse ranima la confiance.

La sœur, qui lui portait sa nourriture, lui ayant dit : « Si les Anglais ont bon vent, ils seront bientôt à Québec, et c’en est fait de nous tous », Jeanne Le Ber resta quelque temps silencieuse, puis elle répondit avec assurance : « Ma sœur, la très Sainte Vierge aura soin de ce pays. Elle est la gardienne de Ville-Marie. Nous ne devons rien craindre. »