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silhouettes canadiennes

d’Hébert, ils le forçaient à leur vendre ses blés au prix qu’eux-mêmes fixaient.[1]

Plus une âme est noble, plus la bassesse et l’injustice la révoltent. L’odieuse conduite des associés dut soulever dans l’âme d’Hébert des tempêtes d’indignation. Mais sa constance fut immuable, et il poursuivit ses travaux avec intelligence. Il avait fait venir des pommiers de Normandie, et il avait planté des vignes qui lui donnaient d’excellents fruits. Ses champs, visiblement bénis du ciel, se couvraient de riches moissons.

C’est probablement sur le conseil de Champlain qu’il demanda au vice-roi de confirmer la concession de dix arpents qui lui avait été faite. Dans sa requête, Hébert alléguait qu’il était le premier chef de famille établi dans la Nouvelle-France — qu’il avait tout quitté, tout sacrifié, pour travailler à l’établissement de la colonie. Le vice-roi répondit en lui donnant en fief noble une grande partie du terrain de la ville actuelle de Québec. Hébert est donc le premier seigneur de la Nouvelle-France.

En 1621, il maria sa fille Guillemette à Guillaume Couillard, arrivé au pays en 1613. Couillard était charpentier et au service de la Compagnie. Mais, au foyer inspirateur

  1. Il faut croire, dit Faillon, que cette vexation était aussi notoire que criante, puisqu’elle entra dans les motifs de l’édit royal de 1627, qui supprima la Compagnie des Marchands de Rouen et de Saint-Malo.