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Page:Conan - Silhouettes canadiennes, 1917.djvu/74

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marguerite bourgeoys

La petite garnison, décimée par l’atroce guerre de surprises des Iroquois, ne comptait plus que dix-sept hommes valides, et Maisonneuve s’était décidé à passer en France demander du renfort à la Compagnie de Montréal.

Il en avait obtenu une recrue de cent huit hommes d’élite. Avant de s’embarquer, il vint à Troyes voir ses sœurs, Madame de Chuly et la supérieure des religieuses de Notre-Dame.

Or, deux ou trois jours avant son arrivée, Marguerite Bourgeoys vit en songe un homme qui lui était inconnu, et elle eut intérieurement une impression extraordinairement forte, qu’elle aurait avec lui des rapports très particuliers que Dieu ferait naître pour sa gloire.

Ce rêve l’impressionna étrangement ; elle en parla à plusieurs personnes.


Cependant, Maisonneuve, aussitôt à Troyes, s’empressa d’aller au couvent de Notre-Dame voir sa sœur.

Celle-ci revit son frère avec une extrême joie et, vivement secondée par quelques-unes de ses religieuses, elle renouvela ses instantes prières pour qu’il les emmenât à Montréal.

Dans l’état où se trouvait Ville-Marie, y tenter un établissement de religieuses cloîtrées eut été un acte d’insigne folie. Maisonneuve n’eut pas de peine à le leur prouver.

Mais sa sœur ne voulait pas accepter ce nouveau refus et, dans l’espoir de disposer son frère à les emmener, elle lui parla de Marguerite Bourgeoys, présidente de la Congrégation externe, et des avantages inappréciables que sa colonie pourrait retirer d’une fille de cette valeur et de cette vertu.

Elle parla si bien, avec tant de conviction que Maisonneuve désira la connaître et pria sa sœur de la faire appeler. On l’envoie donc chercher. Mais à peine entrée dans le parloir, Marguerite, apercevant Maisonneuve, s’arrête et, toute