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silhouettes canadiennes

aller à Ville-Marie, et Marguerite Bourgeoys, qui se trouvait libre par la mort de son père, leur avait offert de les accompagner.

En attendant, elle s’occupait beaucoup des jeunes filles et faisait à Troyes, un bien considérable. Au bon sens le plus clair, le plus ferme, à l’énergie laborieuse, à une piété céleste, elle joignait la grâce, la tendresse, la gaieté.

Son confesseur admirait en elle un harmonieux ensemble des dons les plus rares, les plus heureux.

Ne pouvant s’expliquer qu’on l’eût refusée chez les Carmélites et les Clarisses, il en vint à croire que Marguerite Bourgeoys devait fonder un nouvel institut pour l’éducation de la jeunesse.

Il jugeait bien, mais ce n’était pas en France que le nouvel institut devait naître, et Dieu qui destinait Marguerite à l’apostolat lointain, la préparait à sa rude mission par d’immenses grâces.

Chaque fois qu’elle communiait, Notre-Seigneur se plaisait à répandre en son cœur des torrents de flammes et de délices. Il daigna même se montrer à elle dans l’hostie.

Ravie de sa beauté, elle vécut ensuite comme un ange qui viendrait sur terre habiter un corps mortel, n’usant plus des choses nécessaires à la vie qu’avec dégoût. C’était, dit M. Faillon, la disposition où Dieu voulait faire entrer cette grande âme, pour la rendre capable d’exécuter les desseins qu’il allait lui manifester en l’appelant à Ville-Marie.

La lutte entre la civilisation et la barbarie y était toujours terrible et Ville-Marie devait coûter encore bien des années d’alarmes, d’efforts, d’angoisses et de combats.