Page:Conan - Silhouettes canadiennes, 1917.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
95
marguerite bourgeoys

turée si longtemps, elle acheva sa vie dans l’action de grâces. Dieu semblait se plaire à exaucer même ses désirs.

Malgré son âge et ses austérités, sa santé était parfaite, mais le 1er janvier 1700, apprenant que l’une de ses religieuses était à l’extrémité, elle se plaignit à Dieu : « Oh ! Seigneur, dit-elle, que ne me prenez-vous, moi, inutile à tout, au lieu de cette chère Sœur qui peut rendre de si grands services ! »

Contre toute espérance, la mourante se ranima, elle revint promptement à la santé. La sainte fondatrice, saisie des plus cruelles douleurs, comprit que sa prière était exaucée et malgré ses extrêmes souffrances, qui lui arrachaient parfois des cris, une immense joie inonda son cœur. Le passage terrible n’eut rien d’amer pour cette âme déjà céleste.

Comme François d’Assise, Marguerite Bourgeoys pouvait dire : « J’ai servi mon Dieu avec courage » et comme lui aussi elle chantait souvent et invitait celles qui l’entouraient à chanter. Elle mourut le 12 janvier 1700, et comme elle expirait, son visage extraordinairement altéré s’illumina d’une splendeur radieuse.

La vénération publique se manifesta de la manière la plus touchante autour de cette dépouille sacrée. Après les funérailles, un ecclésiastique distingué écrivit en France : « Le concours du peuple a été extraordinaire. Si les saints se canonisaient comme autrefois, on dirait demain la messe de sainte Marguerite du Canada. »

Deux siècles se sont écoulés et l’heure de la glorification semble proche. Dans l’Amérique du Nord, surtout au Canada, il y a eu d’illustres serviteurs de Dieu, mais pas un seul n’a encore été mis sur les autels. Il est probable que Marguerite Bourgeoys sera la première offerte à la vénération de l’univers.