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Thérèse tendit la main à Francis qui s’agenouilla à côté de son lit et sanglota comme un enfant. Alors elle se troubla, quelques larmes coulèrent sur son visage ; mais, se remettant bientôt, elle lui parla avec fermeté et tendresse.

— Francis, lui dit-elle, c’est la volonté de Dieu. Il faut s’y soumettre, car il est notre Père. Cher ami, je vous aimerai plus au ciel que sur la terre.

La douleur de M. Douglas était effrayante, et ma courageuse enfant oubliait ses terribles souffrances pour le consoler et l’encourager. Il survint un étouffement qui fit croire qu’elle allait expirer. Quand il fut passé, elle mit sa main sur la tête de Francis toujours à genoux à côté d’elle ; et levant les yeux sur l’image de la Vierge :

— Mère, dit-elle avec un accent que je n’oublierai jamais, il ne vous connaît pas, il ne vous aime pas ; mais moi qui par la grâce de Dieu, vous connaît et vous aime, je vous le confie, je vous le donne, je vous le consacre. Obtenez de Jésus-Christ, je vous en conjure, qu’il nous réunisse pour l’éternité dans son amour.

Elle reçut les sacrements avec une ferveur céleste, et aussitôt après l’agonie commença.

Je passe sur cette heure dont le souvenir m’est resté si cruel. À cinq heures, juste aux premiers tintements de l’Angélus, elle expira. Peu à peu, je sentis son doux visage se refroidir. Alors, prenant le crucifix que ses mains glacées étreignaient encore, je le donnai à Francis.