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Et alors elle me dit qu’en voyant comme Francis demeurait préjugé, aveuglé, malgré les prières continuelles qu’elle faisait faire pour sa conversion, elle avait cru que Dieu voulait peut-être la faire contribuer à son salut plus que par la prière, et qu’elle avait offert son bonheur et sa vie pour lui obtenir la foi.

De ce moment je n’eus pas d’espérance. Avec une douleur affreuse, mais sans surprise, je vis tous les efforts de la science échouer complètement. Le mal fit des progrès aussi prompts que terribles, Thérèse demanda son confesseur et Francis. Le prêtre vint le premier. Pendant qu’il entendait sa confession, je m’approchai d’une fenêtre qui donnait sur l’église du Gesu. La lampe brillait dans le sanctuaire, et je disais au Christ en pleurant amèrement : Seigneur, ayez pitié de moi ! Faut-il qu’elle meure pour qu’il se convertisse ? La nuit était délicieusement calme et belle. Oh ! quel contraste entre la désolation de mon âme et le radieux éclat des cieux. J’entendis arriver M. Douglas. J’aurais voulu aller au-devant de lui pour le préparer un peu à la terrible vérité, mais je n’en eus pas la force. Il entra la figure bouleversée. Pas un des médecins présents ne hasarda une parole d’espérance. Le malheureux jeune homme se jeta dans un fauteuil et cacha son visage dans ses mains. La porte de la chambre de Thérèse s’ouvrit bientôt. Je touchai le bras de M. Douglas, qui se leva et me suivit. Le prêtre, encore revêtu de son surplis, priait devant l’image de la sainte Vierge.