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bonheur, et un instinct secret me portait à la mettre sous la garde de la Vierge Marie.

C’était hier le jour fixé pour mon mariage, et malgré la force que je puise dans ma foi, je succombai sous le poids de la plus mortelle tristesse. La journée était magnifique. Le soleil resplendissait. Toute la nature avait un air de fête. Et moi, je repassais mes rêves de bonheur, et ma pensée s’arrêtait dans cette tombe où tout est venu s’engloutir, dans cette tombe où je l’ai vue descendre pour y dormir jusqu’à ce que les cieux et la terre soient ébranlés. C’était horriblement douloureux. Mais le saint religieux qui me prépare au baptême vint me joindre dans le jardin où je m’étais retiré, et, me reprochant tendrement et fortement ma faiblesse, m’en fit demander pardon à Dieu. Du reste, ces défaillances sont rares. La puissante main du Christ me soutient sur un abîme de douleur. Mais vous, madame, comment supportez-vous cette terrible épreuve ? Ah ! laissez-moi vous répéter ce que Thérèse me disait : C’est la volonté de Dieu, et il faut s’y soumettre, car il est notre Père.

Mon baptême est fixé au 28 août. Il serait superflu de vous dire combien je désire vous y voir. Vous aviez pour Thérèse un cœur de mère, et vous ne sauriez croire comme votre tendresse pour elle m’attache à vous. Souffrez que je vous remercie de vos soins si éclairés, si tendres. Je les appréciais d’autant plus que j’ai beaucoup souffert du malheur d’être orphelin. Soyez bénie, madame, pour l’avoir tant aimée. Soyez bénie