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terre, s’agenouillait et passait son bras autour de la croix. Je le regardais prier avec une consolation inexprimable. Comment Dieu eût-il pu ne pas écouter cette âme toute éclatante de la pureté de son baptême ? Comment eût-il pu ne pas entendre la voix de ces larmes si saintement résignées ? Ce fut dans le cimetière, debout près de la tombe de Thérèse, que M. Douglas me confia sa résolution d’entrer dans un monastère, après avoir fait le pèlerinage de la Terre-Sainte. Il aimait à parler de la vie religieuse, du bonheur et de la gloire d’être tout à Dieu, et alors son visage prenait une expression qui élevait l’âme. En le regardant, je me surprenais rêvant à ces joies du renoncement et du sacrifice, redoutables, il est vrai, à la faiblesse humaine, mais si incomparablement au-dessus de toutes les autres.

Vint le jour du départ et le dernier adieu, puis, pour lui, la dernière visite au cimetière.

C’était une triste et froide journée d’automne, et seule à mon foyer pour jamais désolé, je pensais à ma Thérèse qui dormait sous la terre, et au noble jeune homme qui s’en allait attendre dans la paix profonde du cloître la paix plus profonde de la mort.

Après le départ de M. Douglas, je trouvai dans le journal de Thérèse les lignes suivantes qu’il y avait ajoutées. Elles étaient écrites en anglais et presque effacées par les larmes :

« Ô mon Dieu, réunissez-nous pour l’éternité dans votre amour !