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Cette dame avait été ravie de voir son frère se sacrifier à la fondation de Ville-Marie. Elle désirait passionnément aller partager ses périls et ses travaux ; quand les besoins de sa colonie rappelaient Maisonneuve en France, elle le pressait fort de l’emmener à Montréal, avec trois ou quatre de ses religieuses.

Maisonneuve remettait à plus tard ces enthousiastes, et pour leur adoucir ses refus, il avait accepté comme gage d’entente, une image de la Vierge autour de laquelle Sœur Louise avait écrit en lettres d’or :

Sainte Mère de Dieu, pure, au cœur loyal,
Gardez-nous une place en votre Montréal.

Les religieuses qui rêvaient du martyre, comptaient donc aller à Ville-Marie, et Marguerite Bourgeoys, qui se trouvait libre par la mort de son père, leur avait offert de les accompagner.

En attendant, elle s’occupait beaucoup des jeunes filles et faisait à Troyes, un bien considérable. Au bon sens le plus clair, le plus ferme, à l’énergie laborieuse, à une piété céleste, elle joignait la grâce, la tendresse, la gaieté.

Son confesseur admirait en elle un harmonieux ensemble des dons les plus rares, les plus heureux.

Ne pouvant s’expliquer qu’on l’eût refusée chez les Carmélites et les Clarisses, il en vint à croire que Marguerite Bourgeoys devait fonder un nouvel institut pour l’éducation de la jeunesse.

Il jugeait bien, mais ce n’était pas en France que le nouvel institut devait naître, et Dieu qui destinait Marguerite à l’apostolat lointain, la préparait à sa rude mission par d’immenses grâces.

Chaque fois qu’elle communiait, Notre-Seigneur se plaisait à répandre en son cœur des torrents de flammes