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Aussi à son arrivée, le 22 septembre, Maisonneuve fut salué comme un libérateur. La joie s’éleva jusqu’aux transports quand on vit débarquer la recrue. Il y eut à l’église de Québec solennel Te Deum, et cette universelle allégresse, à l’arrivée d’un renfort de cent hommes, prouve bien comme la colonie était faible, abandonnée.

Il n’y avait alors à la Haute-Ville, que cinq ou six maisons, et à la Basse-Ville que le magasin des PP. Jésuites et celui de Montréal. Tout était si pauvre que cela faisait pitié, dit Marguerite Bourgeoys.

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Du premier coup d’œil, elle put mesurer l’étendue de son sacrifice, mais sa sérénité n’en fut pas troublée. Et à Québec elle ne tarda pas à nouer l’une de ces profondes amitiés qui sont une douceur et une bénédiction dans la vie.

À Jeanne Mance, l’ouvrière de la première heure, la glorieuse compagne de ses périls, accourue au rivage pour le recevoir, Maisonneuve s’était empressé d’annoncer l’arrivée de Marguerite Bourgeoys. « C’est une fille de sens et d’esprit, lui dit-il, qui nous sera d’un puissant secours à Montréal. Sa vertu est un trésor. »

Et comme une vraie sympathie équivaut à des années d’intimité, l’amitié la plus étroite unit bientôt les héroïnes que l’histoire appelle les deux anges de Ville-Marie.

Marguerite Bourgeoys s’était logée au magasin de Montréal où l’on avait transporté les malades qui n’étaient pas encore rétablis. Elle leur continua ses soins et tous furent bientôt sur pied.

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Pendant ce temps, Maisonneuve était aux prises avec Lauzon qui voulait retenir ses hommes à Québec et refu-