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font de bien en Canada. Elles instruisent toutes les jeunes filles dans la dernière perfection. Si on en pouvait disperser en beaucoup d’habitations, elles feraient un bien infini. Cette sorte de vie est tout à fait à estimer. »

Mgr de Saint-Valier, faiblement porté vers la Congrégation, dit l’abbé Faillon, a pourtant écrit :

« Je n’exagère point en vous assurant que cet établissement a été fait comme par miracle par une pauvre fille. »

L’héroïque vie de la fondatrice et de ses premières compagnes ne pouvait pas être la vie commune, et quand la Congrégation se fut multipliée, bien des adoucissements furent jugés nécessaires. La Sœur Bourgeoys n’en voulut jamais pour elle, mais elle accepta pour ses filles, les mitigations imposées par les supérieurs. Son esprit de renoncement lui faisait pourtant regretter les changements apportés à la règle primitive, et quand elle donnait l’habit à une postulante, la vénérable fondatrice lui répétait plusieurs fois : « Ma chère sœur, soyez toujours petite, humble et pauvre. »

Elle vit la paix de sa communauté profondément troublée. Durant plus de quatre ans, d’étranges peines intérieures mirent sa foi et sa confiance en Dieu à une redoutable épreuve. C’était le sceau de la croix sur sa vie et sur son œuvre admirable[1].

  1. La Congrégation de Notre-Dame compte aujourd’hui dans notre pays cent trente établissements et plus de trente mille élèves. Mgr. Bourget, de sainte mémoire, disait dans un mandement aux Sœurs de la Congrégation : « L’œuvre sublime que vous a confiée la divine Providence et que vous remplissez avec tant de zèle, nous est tellement chère, que nous ne cessons de bénir le Seigneur de ce qu’il lui a plu de choisir cette ville pour en être le berceau. La régularité qui, grâce à Dieu, a toujours régné dans votre communauté prouve que vous n’avez pas été infidèles à la vocation de Dieu qui vous a établies à Ville-Marie pour honorer son auguste Mère et imiter ses vertus. Les succès toujours croissants qu’obtiennent vos travaux montrent aussi que le Seigneur est avec vous. Aussi faites-vous notre gloire ! »