Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/103

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d’agir sur nos sens : les perceptions qu’ils occasionnent en réveillent d’autres ausquelles elles sont liées, & celles-ci déterminent certains mouvemens dans notre corps. Si toutes ces choses nous affectent moins vivement que l’idée qui nous occupe, elles ne peuvent nous en distraire ; &, par-là, il arrive que, sans réfléchir sur ce que nous faisons, nous agissons de la même manière que si notre conduite étoit raisonnée. Il n’y a personne qui ne l’ait éprouvé. Un homme traverse Paris, & évite tous les embarras avec les mêmes précautions que s’il ne pensoit qu’à ce qu’il fait. Cependant il est assuré qu’il étoit occupé de toute autre chose. Bien plus : il arrive même souvent que, quoique notre esprit ne soit point à ce qu’on nous demande, nous y répondons exactement. C’est que les mots qui expriment la question sont liés à ceux qui forment la réponse, & que les derniers déterminent les mouvemens propres à les articuler. La liaison des idées est le principe de tous ces phénomènes.