Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/104

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Nous connoissons donc, par notre expérience, que l’imagination, lorsque même nous ne sommes pas maîtres d’en règler l’exercice, suffit pour expliquer des actions qui paroissent raisonnées, quoiqu’elles ne le soient pas. C’est pourquoi on a lieu de croire qu’il n’y a point d’autre opération dans les bêtes. Quels que soient les faits qu’on en rapporte, les hommes en fourniront d’aussi surprenans, & qui pourront s’expliquer par le principe de la liaison des idées.

§. 43. En suivant les explications que je viens de donner, on se fait une idée nette de ce qu’on appelle instinct. C’est une imagination qui, à l’occasion d’un objet, réveille les perceptions qui y sont immédiatement liées, &, par ce moyen, dirige, sans le secours de la réflexion, toutes sortes d’animaux.

Faute d’avoir connu les analyses que je viens de faire, &, sur tout, ce que j’ai dit sur la liaison des idées, les philosophes ont été fort embarrassés pour expliquer l’instinct des bêtes. Il leur est arrivé ce qui