Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/119

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impressions qu’elle recevoit des objets. Nous en faisons l’expérience toutes les fois que nous voulons nous appliquer à des matières pour lesquelles nous ne sommes pas propres. Alors nous confondons si fort les objets, que même nous avons quelquefois de la peine à discerner ceux qui diffèrent davantage. C’est que, faute de sçavoir réfléchir ou porter notre attention sur toutes les perceptions qu’ils occasionnent, celles qui les distinguent nous échappent. Par-là, on peut juger que, si nous étions tout-à-fait privés de l’usage de la réflexion, nous ne distinguerions divers objets qu’autant que chacun feroit sur nous une impression fort vive. Tous ceux qui agiroient foiblement seroient comptés pour rien.

§. 56. Il est aisé de distinguer deux idées absolument simples ; mais, à mesure qu’elles se composent davantage, les difficultés augmentent. Alors, nos notions se ressemblant par un plus grand nombre d’endroits, il est à craindre que nous n’en prenions plusieurs pour une seule, ou que, du