Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/120

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moins, nous ne les distinguions pas autant qu’elles doivent l’être. C’est ce qui arrive souvent en métaphysique & en morale. La matière que nous traitons actuellement est un exemple bien sensible des difficultés qu’on a à surmonter. Dans ces occasions, on ne sçauroit prendre trop de précautions pour remarquer jusqu’aux plus légères différences. C’est-là ce qui décidera de la netteté & de la justesse de notre esprit, & ce qui contribuera le plus à donner à nos idées cet ordre & cette précision si nécessaires pour arriver à quelques connoissances. Au reste, cette vérité est si peu reconnue, qu’on court risque de passer pour ridicule, quand on s’engage dans des analyses un peu fines.

§. 57. En distinguant ses idées, on considère quelquefois, comme entièrement séparées de leur sujet, les qualités qui lui sont le plus essentielles. C’est ce qu’on appelle plus particulièrement abstraire. Les idées qui en résultent se nomment générales ; parce qu’elles représentent les qualités qui conviennent à plusieurs choses