Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/159

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mon corps résiste à peine, ma douleur devient plus vive, mon accablement augmente ; & il se peut que, pour avoir eu l’imagination frappée, une maladie, légère dans ses commencemens, me conduise au tombeau.

Un plaisir que j’ai recherché retrace également toutes les idées agréables ausquelles il peut être lié. L’imagination renvoye aux sens plusieurs perceptions pour une qu’elle reçoit. Mes esprits sont dans un mouvement qui dissipe tout ce qui pourroit m’enlever aux sentimens que j’éprouve. Dans cet état, tout entier aux perceptions que je reçois par les sens & à celles que l’imagination reproduit, je goûte les plaisirs les plus vifs. Qu’on arrête l’action de mon imagination ; je sors aussitôt comme d’un enchantement ; j’ai sous les yeux les objets ausquels j’attribuois mon bonheur ; je les cherche, & je ne les vois plus.

Par cette explication, on conçoit que les plaisirs de l’imagination sont tout aussi réels & tout aussi physiques