Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/160

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que les autres ; quoiqu’on dise communément le contraire. Je n’apporte plus qu’un exemple.

Un homme tourmenté par la goute, & qui ne peut se soutenir, revoit, au moment qu’il s’y attendoit le moins, un fils qu’il croyoit perdu : plus de douleur. Un instant après, le feu se met à sa maison : plus de foiblesse. Il est déjà hors du danger, quand on songe à le secourir. Son imagination, subitement & vivement frappée, réagit sur toutes les parties de son corps, & y produit la révolution qui le sauve.

Voilà, je pense, les effets les plus étonnans de l’imagination. Je vais, dans le chapitre suivant, dire un mot des agrémens qu’elle sçait prêter à la vérité.