Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/38

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§. 8. L’ame étant distincte & différente du corps, celui-ci ne peut être que cause occasionnelle de ce qu’il paroît produire en elle. D’où il faut conclure que nos sens ne sont qu’occasionnellement la source de nos connoissances. Mais ce qui se fait à l’occasion d’une chose peut se faire sans elle ; parce qu’un effet ne dépend de sa cause occasionnelle que dans une certaine hypothèse. L’ame peut donc absolument, sans le secours des sens, acquérir des connoissances. Avant le péché, elle étoit dans un systême tout différent de celui où elle se trouve aujourd’hui. Exempte d’ignorance & de concupiscence, elle commandoit à

    convient à un amas de matière ordonné ; quoiqu’on ne puisse pas la lui appliquer, quand la confusion est telle qu’elle empêche de le considérer comme un tout. J’en conviens : mais j’ajoute qu’alors l’unité ne se prend pas dans la rigueur. Elle se prend pour une unité composée d’autres unités ; par conséquent, elle est proprement collection, multitude : or ce n’est pas de cette unité que je prétends parler.