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Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/43

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que je juge être un pentagone, quoiqu’elle forme, dans un de ses côtés, un angle imperceptible. C’est une erreur ; mais, enfin, m’en donne-t-elle moins l’idée d’un pentagone ?

§. 10. cependant les cartésiens & les mallebranchistes crient si fort contre les sens, ils répètent si souvent qu’ils ne sont qu’erreurs & illusions, que nous les regardons comme un obstacle à acquérir quelques connoissances ; &, par zèle pour la vérité, nous voudrions, s’il étoit possible, en être dépouillés. Ce n’est pas que les reproches de ces philosophes soient absolument sans fondement. Ils ont relevé à ce sujet plusieurs erreurs, avec tant de sagacité qu’on ne sçauroit désavouer, sans injustice, les obligations que nous leur avons. Mais n’y auroit-il pas un milieu à prendre ? Ne pourroit-on pas trouver dans nos sens une source de vérités, comme une source d’erreurs ; & les distinguer si bien l’une de l’autre, qu’on pût constamment puiser dans la première ? C’est ce