Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/55

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organisé pour recevoir plus ou moins de sensations différentes. Prenez des créatures qui soient privées de la vue, d’autres qui le soient de la vue & de l’ouie, & ainsi successivement ; vous aurez bientôt des créatures qui, étant privées de tous les sens, ne recevront aucune connoissance. Supposez au contraire, s’il est possible, de nouveaux sens dans des animaux plus parfaits que l’homme. Que de perceptions nouvelles ! Par conséquent, combien de connoissances à leur portée, ausquelles nous ne sçaurions atteindre, & sur lesquelles nous ne sçaurions même former des conjectures !

§. 4. Nos recherches sont quelquefois d’autant plus difficiles, que leur objet est plus simple. Les perceptions en sont un exemple. Quoi de plus facile, en apparence, que de décider si l’ame prend connoissance de toutes celles qu’elle éprouve ? Faut-il autre chose que réfléchir sur soi-même ? Sans doute que tous les philosophes l’ont fait : mais quelques-uns, préoccupés de leurs principes,