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Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 1.djvu/76

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la convainc qu’elle les a eues auparavant. Cependant cela n’est point exact ; car il est constant qu’on peut fort bien se souvenir d’une perception qu’on n’a pas le pouvoir de réveiller.

Tous les philosophes sont ici tombés dans l’erreur de Locke. Quelques-uns, qui prétendent que chaque perception laisse dans l’ame une image d’elle-même, à peu près comme un cachet laisse son empreinte, ne font pas exception : car que seroit-ce que l’image d’une perception, qui ne seroit pas la perception même ? La méprise en cette occasion vient de ce que, faute d’avoir assez considéré la chose, on a pris, pour la perception même de l’objet, quelques circonstances ou quelque idée générale, qui en effet se réveillent. Afin d’éviter de pareilles méprises, je vais distinguer les différentes perceptions que nous sommes capables d’éprouver ; & je les examinerai chacune dans leur ordre.

§. 21. Les idées d’étendue sont celles que nous réveillons le plus aisément ;