Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/12

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été égarés dans des déserts, avant qu’ils connussent l’usage d’aucun signe. J’y suis autorisé par le fait que j’ai rapporté. Qui sçait même s’il n’y a pas quelque peuple qui ne doive son origine qu’à un pareil événement ? Qu’on me permette d’en faire la supposition ; la question[1] est de sçavoir

  1. A juger seulement par la nature des choses (dit M. Warburthon, p. 48. Essai sur les Hiérogl.) & indépendamment de la révélation, qui est un guide plus sûr, l’on seroit porté à admettre l’opinion de Diodore de Sicile & de Vitruve, que les premiers hommes ont vêcu pendant un tems dans les cavernes & les forêts, à la manière des bêtes, n’articulant que des sons confus & indéterminés ; jusqu’a ce que s’étant associés pour se secourir mutuellement, ils soient arrivés par dégrés à en former de distincts, par le moyen de signes ou de marques arbitraires convenues entre eux, afin que celui qui parloit, put exprimer les idées qu’il avoit besoin de communiquer aux autres. C’est ce qui a donné lieu aux différentes langues ; car tout le monde convient que le langage n’est point inné. Cette origine du langage est si naturelle qu’un Pere de l’Eglise (Greg. Nyss.) &