Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/120

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s’éloigna de plus en plus de la poësie. D’un autre côté, l’esprit fit des progrès, la poësie en parut avec des images plus neuves ; par ce moyen, elle s’éloigna aussi du langage ordinaire, fut moins à la portée du peuple, & devint moins propre à l’instruction.

D’ailleurs, les faits, les loix, & toutes les choses dont il falloit que les hommes eussent connoissance, se multiplièrent si fort, que la mémoire étoit trop foible pour un pareil fardeau : les sociétés s’aggrandirent au point que la promulgation des loix ne pouvoit parvenir que difficilement à tous les citoyens. Il fallut donc, pour instruire le peuple, avoir recours à quelque nouvelle voie. C’est alors qu’on imagina l’écriture : j’exposerai plus bas quels en furent les progrès[1].

À la naissance de ce nouvel art, la poësie & la musique commencèrent à changer d’objet : elles se partagèrent

  1. Chapitre 13. de cette Section.