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Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/121

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entre l’utile & l’agréable, & enfin se bornèrent presqu’aux choses de pur agrément. Moins elles devinrent nécessaires, plus elles cherchèrent les occasions de plaire davantage, & elles firent l’une & l’autre des progrès considérables.

La musique & la poësie, jusques-là inséparables, commencèrent, quand elles se furent perfectionnées, à se diviser en deux arts différens. Mais on cria à l’abus contre ceux qui, les premiers, hasardèrent de les séparer. Les effets qu’elles pouvoient produire, sans se prêter des secours mutuels, n’étoient pas encore assez sensibles : on ne prévoyoit pas ce qui devoit leur arriver ; &, d’ailleurs, ce nouvel usage étoit trop contraire à la coutume. On en appelloit, comme nous aurions fait, à l’antiquité, qui ne les avoit jamais employées l’une sans l’autre ; & l’on concluoit que des airs sans paroles, ou des vers pour n’être point chantés, étoient quelque chose de trop bisarre pour avoir jamais du succès. Mais quand