Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/18

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les cris & les mouvemens qui étoient les signes de la frayeur, pour avertir l’autre de ne pas s’exposer au danger qu’il avoit couru.

§. 4. L’usage de ces signes étendit peu à peu l’exercice des opérations de l’ame ; &, à leur tour, celles-ci ayant plus d’exercice perfectionnèrent les signes, & en rendirent l’usage plus familier. Notre expérience prouve que ces deux choses s’aident mutuellement. Avant qu’on eût trouvé les signes algébriques, les opérations de l’ame avoient assez d’exercice pour en amener l’invention : mais ce n’est que depuis l’usage de ces signes qu’elles en ont eu assez, pour porter les mathématiques au point de perfection où nous les voyons.

§. 5. Par ce détail, on voit comment les cris des passions contribuèrent au développement des opérations de l’ame, en occasionnant naturellement le langage d’action : langage qui, dans ses commencemens, pour être proportionné au peu d’intelligence de ce couple, ne