Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/209

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Ils les estimèrent d’autant plus, qu’il étoit également essentiel à chaque membre de la république de s’en occuper ; & l’on s’accoutuma de bonne heure à regarder du même oeil l’agriculture & le général qui la cultivoit. Par-là les termes de cet art s’approprièrent les idées accessoires qui les ont annoblis. Ils les conservèrent encore, quand la république romaine donnoit dans le plus grand luxe ; parce que le caractère d’une langue, surtout s’il est fixé par des écrivains célèbres, ne change pas aussi facilement que les mœurs d’un peuple. Chez nous les dispositions d’esprit ont été toutes différentes dès l’établissement de la monarchie. L’estime des francs pour l’art militaire, auquel ils devoient un puissant empire, ne pouvoit que leur faire mépriser des arts qu’ils n’étoient pas obligés de cultiver par eux-mêmes, & dont ils abandonnoient le soin à des esclaves. Dès-lors les idées accessoires qu’on attacha aux termes d’agriculture, durent être bien différentes