Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/210

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de celles qu’ils avoient dans la langue latine.

§. 145. Si le génie des langues commence à se former d’après celui des peuples, il n’acheve de se développer que par le secours des grands écrivains. Pour en découvrir les progrès, il faut résoudre deux questions, qui ont été souvent discutées, & jamais, ce me semble, bien éclaircies. C’est de savoir pourquoi les arts & les sciences ne sont pas également de tous les pays & de tous les siécles ; & pourquoi les grands hommes dans tous les genres sont presque contemporains.

La différence des climats a fourni une réponse à ces deux questions. S’il y a des nations chez qui les arts & les sciences n’ont pas pénétré, on prétend que le climat en est la vraie cause ; & s’il y en a où ils ont cessé d’être cultivés avec succès, on veut que le climat y ait changé. Mais c’est sans fondement qu’on supposeroit ce changement aussi subit & aussi considérable que les révolutions des arts & des sciences. Le