Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/276

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

idées particulières, qui nous viennent par sensation et par réflexion. Ce sont les matériaux de nos connoissances, que nous combinerons selon les circonstances, pour en former des idées complexes, dont l’analyse nous découvrira les rapports. Il faut remarquer que je ne me borne pas à dire qu’on doit commencer par les idées les plus simples ; mais je dis par les idées les plus simples que les sens transmettent, ce que j’ajoute afin qu’on ne les confonde pas avec les notions abstraites, ni avec les principes généraux des philosophes. L’idée du solide, par exemple, toute complexe qu’elle est, est une des plus simples qui viennent immédiatement des sens. A mesure qu’on la décompose, on se forme des idées plus simples qu’elle, et qui s’éloignent dans la même proportion de celles que les sens transmettent. On la voit diminuer dans la surface, dans la ligne, et disparoître entierement dans le point[1].

  1. Je prends les mots surface, ligne, point, dans le sens des Géomettres.