Page:Condillac - Essai sur l’origine des connaissances humaines, Mortier, 1746, tome 2.djvu/285

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des obstacles, qu’on ne vaincra qu’en revenant à ses premières notions, pour les déterminer mieux qu’on n’avoit fait.

§. 40. Il n’y a personne qui ne tire quelquefois de son propre fonds des pensées qu’il ne doit qu’à lui, quoique peut-être elles ne soient pas neuves. C’est dans ces momens qu’il faut rentrer en soi, pour réfléchir sur tout ce qu’on éprouve. Il faut remarquer les impressions qui se faisoient sur les sens, la manière dont l’esprit étoit affecté, le progrès de ses idées ; en un mot, toutes les circonstances qui ont pu faire naître une pensée, qu’on ne doit qu’à sa propre réflexion. Si l’on veut s’observer plusieurs fois de la sorte, on ne manquera pas de découvrir qu’elle est la marche naturelle de son esprit. On connoîtra, par conséquent, les moïens qui sont les plus propres à le faire réfléchir ; et même, s’il s’est fait quelque habitude contraire à l’exercice de ses opérations, on pourra peu à peu l’en corriger.